« A quoi tu joues ? »

 » Pfff c’est de la comédie tout ça ! »

« Il fait son professeur… »

« Désolée, mais c’est vraiment moi, si si, demandez autour de moi, tout le monde vous dira qui je suis depuis toujours. »

Notre personnalité, le reflet de notre moi profond ou structure ingénieusement construite pour être parfaitement à l’image attendue et ainsi se faire aimer et accepter ?

Nous endossons ces masques sociaux pour accéder à cet être idéalisé. Un moyen d’intégration, d’adaptation, de protection.

Avec nos titres, nous jouons tous des rôles officiellement reconnus dans la société : le Docteur, le Professeur, la Mère, le Frère, l’Enfant, le Président, la Directrice, le Lanceur d’alerte…

Mais avant de s’y intéresser, je vous propose un petit détour dans l’histoire du masque afin de relever à quel point il a occupé un rôle central dans nos civilisations.

Histoire de civilisations et de symboles

Le masque a depuis l’Antiquité tenu une place symbolique et ritualisée.

Au commencement, il avait une fonction funéraire. Que ce soit en Grèce dans les tombeaux de Mycènes ou dans les nécropoles d’Egypte, il permettait de conserver le visage des morts.

En Afrique, le masque des cérémonies religieuses concédait un puissant pouvoir, le détenteur se transformant en être sacré, faisant le lien entre le divin et les Hommes.

Et au fil des siècles, adoptant des matériaux plus légers, il apparaît au théâtre et il est évoqué pour la première fois dès 1094 dans un édit du premier doge de Venise donnant pour preuve que le carnaval de Venise serait le plus vieux carnaval du monde. Ainsi les contemporains de l’époque profitaient du déguisement pour inverser les rôles, maître devenant esclave et réciproquement, et ceci sous couvert de l’anonymat.

Une protection bienvenue…qui s’est également inscrite dans l’histoire des guerres pour effrayer l’ennemi et ainsi éviter pour soi-même le trépas ou encore face au épidémie où les premiers masques de protection dans l’Empire romain faisaient apparition.

Aujourd’hui la protection s’est élargie aussi au domaine sportif, au métier de combat et de la sécurité civile et dans l’armée, en passant au masque de beauté (une protection contre le temps qui passe..?), sans oublier le masque du super héros 😉 !

A l’inverse, au Moyen-Age, pour punir un délit, le masque de l’infamie ou de la honte affligeait le coupable, rendant ainsi publique sa faute . Objectifs du châtiment : l’offenser, l’humilier, le déshonorer.

Le masque social : une histoire de projection

A l’instar des masques de théâtre, celui-ci permet à chacun d’entre nous de se protéger et de jouer un rôle.

Carl G. Jung, a utilisé le terme de Persona (du latin désignant le masque porté par les comédiens) pour décrire cette personne qui n’est pas en réalité ce qu’elle-même et les autres pensent ce qu’elle est. Elle n’est qu’une interface entre l’individu et la société. Elle est le masque que tout individu porte pour répondre aux exigences de la vie en société. Instance psychique d’adaptation, la persona nous accompagne sur toute une partie de notre première vie pour aider à notre intégration sociale. En combinant diverses adaptations, nous sommes en mesure « d’apparaître sous tel ou tel jour », « se cacher sous tel ou tel masque » ou encore « se construire un visage ou un comportement pour s’en faire un rempart » (Dialectique du moi et de l’inconscient).

De la protection à l’adaptation, la persona remplit un rôle de socialisation nécessaire à la survie en société et au besoin d’appartenance.

A cela s’ajoute nos croyances, nos messages contraignants, nos blessures, nos peurs…Une énergie extraordinaire est fournie pour maintenir cet équilibre idéalisé, reléguant tout notre vrai soi au fin fond de notre être.

La lueur existe pour retrouver ce chemin vers soi, car selon Carl G. Jung la finalité de la vie psychique est de pouvoir dans la seconde partie de sa vie aller « à la découverte de son âme ». A l’étape de la « demi-vie », selon l’expression jungienne, il y a d’abord une crise de la persona, en confrontation avec le moi conscient, ce dernier captant et traitant ce que l’on entend, voit, sent, touche, ressent, …pour aller à la rencontre de ses ombres, partie refoulée ou peu exprimée par souci d’adaptation. Pour enfin accéder à son Soi, à l’identité profonde de son être.

En quête de nous même, allons dans l’histoire de nos masques*, comme celle qui s’est construite au fil du temps, des civilisations et des continents, en laissant exprimer toutes nos singularités, nos couleurs pour aller à la connaissance de soi et par conséquent des autres. Et par effet boomerang, comme s’ouvrir à l’autre, c’est s’ouvrir à soi, c’est donner toute la chance d’être émerveillé, d’être à la fois authentique et multiple et de laisser ainsi une place à toutes nos possibilités créatrices, en quelque sorte à notre Enfant Libre. Parce que « mieux vaut être complet que parfait » – Carl G. Jung.

 Au plaisir d’échanger.

Originellement vôtre, Bouchra Harkat

* Exercice pratique !

  1. Quels sont les divers personnages que vous jouez ?
  2. Quels sont les bénéfices à porter ces masques ?
  3. Quelles sont vos parts d’ombre et comment se manifestent-elles ? Quelles sont leurs vérités ?
  4. Que vous dit votre enfant intérieur et qu’est ce qui permet sa libre expression ?

 

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