Managers, des super-héros ?

Confronté.es à des environnements VUCA (acronyme anglais – volatility, uncertainty, complexity and ambiguity), nous vous en demandons de plus en plus, encore et encore.

Mais alors, pourquoi une telle fascination autour de cette position ?

Souvent considérée comme la voie royale pour une réussite professionnelle et sociale, il était / est de bon ton de finir sa carrière en étant « Chef.fe ».

Symbole de réussite, la position s’accompagne des signes de reconnaissance associés : pouvoir, bureau, place de parking attitré (oui oui c’est toujours d’actualité), salaires et avantages sociaux…

En contrepartie ? Il est demandé de manager (prononciation française).

 Du verbe anglais « to manage », dérivé à la fois du verbe italien « maneggiare » – lui-même issu du latin manus qui signifie contrôler, manier, avoir en main – et du mot français manège, au sens « d’entraîner un cheval en le dirigeant avec la main ».

C’est donc Encadrer – Diriger – Organiser – Contrôler – Evaluer, mais aussi Déléguer – Accompagner – Développer – Animer – Communiquer – Motiver – Fidéliser – Coacher… La liste est longue et s’enrichit au fil des années pour prendre en compte l’évolution sociétale.

 Au travers de 3 positions – Manager, Collaboratrice, DRH – j’ai observé et vécu la complexité du rôle :

  • Pas toujours évident d’être un bon manager pour tous, de concilier les enjeux organisationnels et la réalité terrain, et avec en prime de vivre la solitude qui accompagne l’ascenseur professionnel.
  • Pas toujours évident de vivre la matrice cumulant un N+1, N+2 et des managers fonctionnels. Pour ma part j’ai eu jusqu’à 5 managers, avec des intérêts qui n’étaient pas toujours convergents.
  • Pas toujours évident d’accompagner des managers à la fois en besoin de réactivité et de liberté face au cadre législatif, aux procédures… et en besoin de soutien et de conseil pour faire face aux enjeux multiples de leur fonction.

Nous pouvons à la fois reconnaître la capacité d’un manager à donner le cap, à clarifier les objectifs, à être juste et bienveillant, à faire confiance, à motiver, à valoriser et à faire évoluer, comme dénoncer sa tendance à imposer sa présence, son surcontrôle, son expertise, son manque d’équité et de reconnaissance, sa capacité à récupérer les « lauriers » …voire à faire peur.

Au-delà de l’affection que l’on porte ou pas à son manager, même les plus critiques n’auront rien à redire si l’exemplarité, l’équité, l’écoute, la présence, l’empathie & l’exigence sont au rendez-vous.

Vous allez me dire :

« Hey ça fait beaucoup?! ».

En effet, et ce sont des fondamentaux pour être reconnu.e comme un bon manager même si il/elle ne fait pas l’unanimité sur le plan affectif.

Le grand piège ? Se sentir tout puissant, penser détenir toute la vérité, donner la priorité à ses objectifs personnels au détriment de l’équipe, ne pas reconnaître ses erreurs, diviser pour mieux régner…

Pour l’éviter, la remise en question, la capacité à douter et surtout à jouer collectif et au service de l’intérêt général sont des bons garde-fous.

Avez-vous déjà croisé des managers visionnaires, inspirants, dans le « care » ? Ou plutôt des managers égocentriques, killers et cow-boys ? Comme dans les toutes fonctions, il y a de tout, l’entreprise étant le fidèle miroir de la société. Chacun son style.

Ce style de management est en fait la traduction de nos préférences comportementales et de communication, combinées au caractère de la personne, superposées de ses masques sociaux… Pour y voir plus clair, je partage l’approche #ComProfiles qui définit 4 grandes catégories, basées sur ses préférences comportementales et de communication :

  • Le manager rassurant, soutenant, bienveillant,
  • Le manager innovant, explorateur, créatif,
  • Le manager structurant, organisant, pilotant,
  • Le manager visionnaire, conquérant, inspirant.

« Mince lequel adopter ?! »

Bonne nouvelle : il n’y a pas de bon ou mauvais style.

Le truc ? Adopter le style en cohérence avec le contexte et en étant centré vers l’autre.

Comment ? En développement sa conscience et connaissance de soi pour sortir de ses automatismes en situation de survie et en faisant preuve d’intelligence situationnelle pour un retour à la croissance relationnelle.

[Pour les curieux, vous pouvez découvrir gratuitement des éléments de votre profil de communication en complétant un court questionnaire : c’est par ici.]

« Non mais faut arrêter le délire, c’est in fine devenir un super-héro ! »

Et bien c’est surtout tirer profit du chemin parcouru pour s’inscrire dans une logique « test & learn », pour peaufiner sa pratique, apprendre à se connaître, à saisir la complexité de l’être humain, pour ajuster ses interactions et (s’)offrir une expérience enrichissante et porteuse de sens en accord avec son identité managériale. Ce n’est donc pas la destination – le statut qui compte, mais bien le voyage, que dis-je le périple ! 😉

A l’instar d’Ulysse, qui durant 10 ans, a navigué de terre en terre, a bravé les obstacles, des personnages mythologiques effrayants et redoutables de malice…

Qu’est ce qui fait la beauté de ce célèbre récit grec ? Son dénouement ? Que nenni! L’intérêt réside dans l’histoire de chaque escale et dans son intrigue, nous tenant en haleine et dans les stratagèmes mis en place pour s’en sortir, mêlant audace, courage, intelligence et compassion.

Et bien il en va de même pour tous les managers en devenir : la destination importe peu, l’aventure managériale et ses accomplissements sont les enseignements fructueux d’une telle position.

Passer d’une position d’Expert, maîtrisant un art technique, à une position de Manager, maîtrisant la relation Humaine, requiert introspection, dépassement de soi, voire transformation. Et j’ose une pincée de courage pour faire face aux difficultés rencontrées et ainsi renforcer sa résilience.

Je ne résiste pas à préciser que manager c’est aussi le faire avec ménagement. C’est-à-dire avec mesure, modération dans sa conduite et sa communication à l’égard des autres et respect.

« Car qui veut voyager loin ménage sa monture !  » – Racine –

 Au plaisir d’échanger.

Originellement vôtre, Bouchra Harkat

Psst: Pour partir à l’aventure, Origine Humaine propose un accompagnement sur-mesure au travers d’un programme de formation-action intitulé « L’Odyssée du Manager ». Ben oui 😉

 

originehumaine

Author originehumaine

More posts by originehumaine

Leave a Reply

© Origine Humaine 2020